Vin rosé : le nez des producteurs languedociens
Fin mai, un article des Échos met le feu aux poudres : on friserait la pénurie de rosé cet été... « Pas ici », affirment les professionnels du vin en Languedoc.
« Pour suivre l'engouement des consommateurs pour le rosé, en France et à l'international, nous avons anticipé et invité nos adhérents à produire plus de rosé avec la récolte 2017 », indique Jérôme Villaret, délégué général du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL). Résultat, malgré une récolte en baisse de 20 % l'an dernier, la production de rosé en AOC du Languedoc est en progression de 23 %, avec près de 200 000 hl. Côté InterOc (conseil interprofessionnel des vins IGP Pays d’Oc), la disponibilité en IGP Pays d'Oc rosé est de 1,7 Mhl. À la différence du vignoble de Provence majoritairement dédié au rosé, le Languedoc dispose d’un important vignoble dédié au rouge qui peut, selon les besoins, être fléché vers une production de vin rosé. Le délégué général du CIVL relève que les transactions sur le marché du vrac - là où le négoce achète des volumes à mettre en bouteille - ont progressé de 45 % pour le vin rosé entre juillet 2017 et mars 2018. « Dès cet hiver, nous avons fait le tour des professionnels de la grande distribution et du négoce pour avertir que nous serions en mesure de les fournir sur des gros volumes », explique-t-il.
Risque de stocks ? « Le pilotage de la production de rosé doit être beaucoup plus fin car, à la différence des vins rouges, un rosé n’aura pas la même qualité s’il est bu à la saison suivante. Il ne faut pas que nous nous retrouvions fin août en situation de surstock », admet Jérôme Villaret. La consommation de rosé reste très liée au climat. Un mauvais temps qui perdure (comme c'est le cas jusqu'à présent) et c'est la chute de la consommation. Ce n’est que mi-août que le CIVL pourra évaluer les conséquences de la météo. Mi-juillet, le CIVL donnera ses recommandations de volume de production de rosé pour la récolte 2018. « Mon sentiment est qu’il faudrait rester sur les volumes de 2017 », estime le délégué général du CIVL. Si les professionnels du Languedoc peuvent se féliciter d’avoir eu du nez en poussant à produire plus de rosé en 2017, un retour à des niveaux de production « normaux » pour les autres bassins historiques que sont la Provence, la Vallée du Rhône et la Loire, est à prévoir, selon Jérôme Villaret.