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Energies
| 9/07/2024

Xavier Piechaczyk (RTE) : « Atteindre la neutralité carbone va mobiliser des investissements importants »

© Frédéric Scheiber

Président de la cérémonie des Masters Toulouse de La Lettre M organisée le 8 juillet au Meett, Xavier Piechaczyk, président du Directoire de RTE, évoque les grands dossiers nationaux relatifs à l'électricité, mais aussi les projets qui touchent de près l’Occitanie.

Devant quelque 400 décideurs du territoire venus assister à la cérémonie 2024 des Masters Occitanie Ouest de La Lettre M, Xavier Piechaczyk a tout d’abord tenu à présenter l’entreprise qu’il dirige depuis septembre 2020. « RTE est une société anonyme délégataire du service public du transport d’électricité. En situation de monopole régulé, elle emploie 10 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 6,3 Md€ en 2023 et un Ebitda de l’ordre de 2 Md€, précise-t-il. Nos recettes sont liées au tarif d’utilisation de notre réseau et nous gérons 100 000 kilomètres de lignes aériennes et 7 500 kilomètres de lignes souterraines. Des infrastructures très importantes qui nécessitent des investissements élevés. Plus largement, le rôle de RTE consiste à réguler les flux d’électricité en équilibrant l’offre et la demande en lien direct avec nos partenaires européens. » Xavier Piechaczyk évoque également les autres attributions du gestionnaire du réseau public de transport d’électricité français : « RTE, c’est aussi la réalisation d’études sectorielles et prospectives destinées à éclairer les décisions des pouvoirs publics, à l’image du rapport “Futurs énergétiques 2050“. Un travail scientifique portant sur l’évolution du système électrique et l’analyse des chemins à emprunter pour aboutir à la neutralité carbone. » Après avoir abordé les tensions sur l’approvisionnement lors de l’hiver 2022-2023, le dirigeant de RTE constate un retour progressif à la normale sur le marché de l’énergie. La consommation n'a pas augmenté significativement ces derniers mois. Au contraire, elle a baissé en 18 mois de l'ordre de 7 à 8 %. 

Environ 1 000 Md€ d’investissements d’ici à 2050
« Les Français ont fait preuve de sobriété. Mais il faut aller plus loin en arrêtant progressivement de consommer des énergies fossiles - dont le pétrole et gaz fossile – extraites à l’étranger. Ces dernières représentent aujourd’hui plus de 60 % de notre consommation. Il faut leur substituer l’électricité et les bioénergies », insiste-t-il en rappelant que les besoins en électricité vont augmenter « mécaniquement » dans les prochaines années, notamment en lien avec le développement des mobilités électriques. Une hausse de la consommation synonyme de bond de la production. « Cette évolution va nécessiter d’augmenter significativement les capacités de production et du réseau. Et les investissements sont importants si l’on veut atteindre les objectifs de neutralité carbone. D’ici à 2050, il va donc falloir injecter environ 1 000 Md€ dans l'ensemble du système électrique (réseaux, production d'éléctricité et flexibilités électriques, NDLR) pour y parvenir », explique Xavier Piechaczyk, qui évoque des investissements de l'ordre de 100 Md€ sur 15 ans pour le réseau de transport de l'électricité (contre 75 Md€ de facture annuelle en pétrole et gaz fossile importés). « Pour aller plus vite dans l’électrification du pays, la seule solution, d'ici à 2035, est de développer les énergies renouvelables, comme c’est le cas en Occitanie avec l’éolien, offshore et onshore, et le photovoltaïque. En effet, la France ne prévoit pas d'EPR (réacteur nucléaire, NDLR) d’ici là . Nous devons donc accélérer dans le renouvelable et poursuivre l’adaptation de notre réseau à ces enjeux. »

Des conséquences sociétales
Le représentant de RTE pointe également les conséquences de ce déploiement en termes sociétaux : « Si l’on veut assurer notre souveraineté énergétique, grâce à l'électricité et aux bioénergies, il faut se préparer à voir plus de pylônes ou d’éoliennes. On ne passe pas d’un monde à l’autre sans impact. Mais ce n'est pas une France « défigurée » et c’est le rôle des maîtres d’ouvrage, des opérateurs de réseaux de travailler à l’insertion de ces infrastructures dans les territoires. » Autre impératif à ses yeux, la « souveraineté manufacturière ». Pour Xavier Piechaczyk, l’autonomie énergétique passe obligatoirement par le développement d’un tissu industriel national ou européen, « à même de produire des panneaux photovoltaïques ou des câbles électriques alors que nous les importons en partie d'Asie. Sans oublier toutefois que la première souveraineté reste celle de se passer du pétrole et du gaz que l’on importe de pays qui ne sont pas toujours nos alliés. » Enfin, interrogé par La Lettre M sur la démarche “Repos“ (Région à énergie positive) engagée par la Région Occitanie depuis 2017, qui prévoit une diminution des consommations et le développement de la production d’énergies vertes, le dirigeant de RTE salue un plan d’action ambitieux : « Je suis heureux de constater qu’une Région telle que l’Occitanie s’engage sur tous les leviers dont nous avons besoin pour décarboner la consommation énergétique en s’appuyant sur un mix entre éolien terrestre, éolien offshore et photovoltaïque. Et elle incite également aux économies d’énergie. » Néanmoins, malgré ces efforts, Xavier Piechaczyk estime que l’Occitanie ne pourra être entièrement autonome. « Le principe de solidarité entre régions voisines doit demeurer pour couvrir ses besoins lorsqu'il y a moins de vent, pas de soleil ou que le nucléaire est en maintenance. C'est notamment là que le réseau prend tout son sens », conclut-il. 

David Danielzik / danielzik@lalettrem.net
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