Montpellier : Philippe Saurel lance son « Parlement des territoires »
Les représentants de 50 grandes et petites intercommunalités du Languedoc-Roussillon et de l’Aveyron se sont rassemblés, ce matin, au château de Castries, près de Montpellier, pour lancer le « Parlement des territoires », un projet de pôle métropolitain de la Lozère aux Pyrénées-Orientales. En présence des représentants des agglos de Béziers, Narbonne, Carcassonne, Sète et Bagnols, mais en l’absence de ceux des agglos de Nîmes, Alès, Agde et Perpignan, le maire et président de la Métropole de Montpellier a proposé de construire « une instance de concertation » entre les élus d’un grand territoire allant de la Lozère aux Pyrénées-Orientales, qui « représentera une force d’opposition et de proposition ». Le maire de Montpellier a proposé aux élus présents de travailler sur six thèmes principaux – la santé, le numérique, la mobilité, le tourisme, l’agro-écologie et l’alimentation, et la culture et l’éducation – et leur a soumis une charte, qui sera amendée et adoptée lors d’une prochaine séance. Le « Parlement des territoires », qui se réunira « une à deux fois par an », fonctionnera sur le principe : un président d’intercommunalité, une voix. Une gouvernance sera mise en place ultérieurement, la structure restant légère, sans administration propre. Son but étant de permettre aux collectivités languedociennes de « peser face à Toulouse » dans la nouvelle grande région.
Lors de cette première séance, Philippe Saurel, président de séance, a laissé largement la parole aux élus présents. La plupart ont dit tout le bien qu’ils pensaient de la création du nouveau pôle métropolitain. En exprimant, chacun, des attentes spécifiques. Le président (DVD) de l’Agglo de Béziers Méditerranée, Frédéric Lacas, veut, grâce au pôle métropolitain, « faire émerger une offre de soin globale qui renforce l’attractivité des territoires ». Son voisin, le maire et président UMP de l’Agglo de Sète, François Commeinhes, veut mettre en place une offre culturelle cohérente, pour en finir avec « les festivals qui se tirent la bourre tout au long de l’été » et plus de TER pour venir dans sa ville. Pour les communautés de communes plus rurales, c’est l’accès au numérique ou la mise en commun des instances de promotion touristique qui est mise en avant par les élus. L’Agglo du Gard rhodanien plaide, elle, pour ajouter le thème de l’industrie aux "piliers" de la métropole.
Charte
Au final, cette journée, qualifiée par Philippe Saurel de « première réunion des Etats du Languedoc », a abouti à la présentation d’une charte, qui sera soumise aux différentes intercommunalités, et éventuellement amendée, d’ici à la prochaine réunion. Elle affirme la volonté des élus de « construire ensemble une réponse innovante aux défis de la réforme territoriale », de « dépasser la rigidité des périmètres administratif pour oeuvrer à de nouvelles échelles de complémentarité et de solidarité », et pose les premiers principes de fonctionnement du pôle métropolitain.
Nîmes et Alès absents
Le maire et président de l’Agglo de Perpignan, Jean-Marc Pujol, n’aurait pu venir à la dernière minute pour des raisons d’agenda électoral. Mais l’absence des présidents des agglos de Nîmes et Alès répond clairement à d’autres motivations. « Lorsque nous avons rencontré Philippe Saurel, cet été, nous étions d’accord pour travailler à la création d’une structure pour peser face à Toulouse, avec Nîmes et Sète », explique à La Lettre M Christophe Rivenq, directeur de cabinet et DGS du maire et président de l’Agglo d’Alès, Max Roustan. « Mais si c’est pour refaire le Languedoc-Roussillon, ce n’est pas la peine. Comment peut-on travailler efficacement avec plusieurs centaines d’élus ? Nous étions prêts à élargir le pôle métropolitain, qui existe déjà entre Nîmes et Alès, et fonctionne bien, à Montpellier ». Même son de cloche à l'Agglo de Nîmes. Un proche du président UDI Yvan Lachaud explique que Nîmes aurait préféré un périmètre plus restreint : « C'est difficile d'être efficace en mobilisant 50 élus ». Philippe Saurel assure, de son côté, que la porte reste ouverte aux deux agglos.
Verbatim
Frédéric Lacas, président de Béziers Méditerranée
« Aujourd’hui, quand les moyens manquent cruellement, nos actions, nos réflexions au niveau du pôle métropolitain nous permettront d’avancer. Les hôpitaux publics, situés à quelques kilomètres les uns des autres, ne fonctionnent pas suffisamment ensemble. Pire, ils se retrouvent parfois en concurrence. J’attends du pôle métropolitain que nous puissions créer un réseau de santé qui crée du lien entre les acteurs institutionnels, opérationnels et associatifs. »
François Commeinhes, maire et président de l’Agglo de Sète
« Il ne faut pas que le Pôle métropolitain soit une strate supplémentaire. Ce doit être un lieu d’échanges déconnecté des clivages politiques. Le Pôle peut agir pour la politique de transports. Il y a une scène nationale à Sète et une autre à Narbonne. Mais les Montpelliérains ne peuvent pas venir à Sète le soir, parce qu’il n’y pas de TER pour rentrer chez eux. »
Gérard Larrat, maire de Carcassonne
« Je me sens parfaitement bien ici, dans une instance de concertation. Carcassonne étant à l’ouest de cette région a toujours été un peu isolée et subit l’attraction de Toulouse. Ville charnière entre les deux régions qui vont se marier, Carcassonne sera un élément de liaison entre les métropoles de Toulouse et de Montpellier »
Stéphan Rossignol, président de l’Agglo du Pays de l’Or
« La grande région va être très vaste. Elle va éloigner nos concitoyens de la région. En nous appuyant sur les métropoles de Toulouse et Montpellier, nous pouvons rassurer nos concitoyens. Il s’agit de tracer une feuille de route avec nos intérêts partagés. Le pôle métropolitain ne doit être ni une strate supplémentaire, ni une tribune politique ».
Claude Arnaud, maire et président de la communauté de communes de Lunel
« C’est une bonne initiative, qui n’aurait pas pu aboutir sans Philippe Saurel, un élu qui a le vent en poupe. Mais je m’interroge sur ce qui peut fédérer et réunir des élus de l’arrière-pays montagneux jusqu’au des bords de la Méditerranée. Nous devons rester sur des grandes thématiques et ne pas nous disperser ».