Bilan énergétique, investissements, feuille de route… : comment réussir sa décarbonation
« Décarbonation : consommer moins, mieux et plus propre » : c’est le thème du Petit Déj’ de La Lettre M organisé le 19 septembre à Toulouse en partenariat avec GRDF. L’occasion de confronter les points de vue des chefs d’entreprise et des acteurs publics. Morceaux choisis.
Comment consommer moins, mieux et plus propre ? La question suscite bien des réflexions chez les chefs d’entreprises et les élus, invités à partager leurs expériences lors du Petit Déj’ organisé par La Lettre M – en partenariat avec GRDF – le 19 septembre au Novotel Toulouse Centre Wilson. Nicolas Le Crenn, directeur délégué Occitanie GRDF, place ainsi la décarbonation au cœur de sa stratégie : « Il s'agit de mobiliser toutes les compétences et tous les moyens de la filière gaz pour développer la production de gaz vert dans les territoires d'un facteur cinq et proposer à nos clients et partenaires des solutions de sobriété et d'efficacité énergétique, pour réduire de 37 % leurs consommations d'ici à 2030. À cette échéance, nous visons 20 % de gaz vert dans les réseaux en Occitanie. »
Fixer des objectifs
« La première étape dans notre passage à l’acte a été de se sensibiliser en interne », explique Martin Piotte, directeur technologie et innovation de Terreal, société spécialisée dans les matériaux de construction en terre cuite. En 2018, le groupe audois nomme un directeur de l’énergie pour comprendre ses consommations et commence à structurer sa démarche, qui s’accélère lors de la crise en Ukraine et l’explosion des prix de l’énergie. « Le bilan énergétique est fondamental pour savoir d’où l’on part et ne pas se tromper dans ses investissements », soutient François Chollet, vice-président à l’écologie et à la transition énergétique de Toulouse Métropole. C’est ce qu’a réalisé également la société Denjean Transports, dirigée par Sylvain Baby. Il y a un an et demi, l’entreprise toulousaine a lancé une étude sur son bilan carbone, qui vient de s’achever. « Nous avons fixé l’objectif de réduire de 30 % nos émissions d’ici à 2030 », précise le directeur général.
Mix énergétique et optimisation
Pour répondre à son objectif ambitieux de décarbonation, Denjean Transports fait le pari du mix énergétique. « Cela doit nous permettre de satisfaire tous nos clients, qui ont des besoins totalement différents », justifie Sylvain Baby. En parallèle du gaz, la société a notamment investi dans le HVO, un biocarburant compatible avec le gazole – ce qui permet de conserver sa flotte existante – et des cuves au B100 avec six nouveaux tracteurs pour remplacer ceux fonctionnant au gazole. « Le surcoût reste un frein par rapport à ces offres », reconnaît cependant le dirigeant. Pour Pascal et Béatrix Tissus, fabricant, importateur et grossiste de tissus basé à Albi, la solution se trouve dans la technique d’impression. Après avoir rapatrié 15 % de sa production en France, l’entreprise a développé le procédé d’impression pigmentaire, beaucoup moins gourmand en eau que celui d’impression réactive. Autre avantage : des économies au niveau de la consommation de gaz. « L’investissement de quelques millions d’euros sera rentabilisé en deux ans et demi », assure Pascal Tribont, le dirigeant. Un bilan positif que partage Martin Piotte. Le dirigeant de Terreal assure avoir réalisé 20 % d’économie dans l’une de ses unités de production grâce à une optimisation de sa consommation.
« Le rôle des entreprises est indispensable »
« Nous aimerions reproduire l’expérience dans chacune de nos usines, indique Martin Piotte. Cela demande de l’information et des services informatiques de haut niveau, mais surtout un bon bilan énergétique. » De son côté, la démarche de décarbonation ne s’arrête pas là pour Denjean Transports. L’entreprise vient en effet de répondre à un appel à projet de l’État pour être accompagnée dans l’acquisition prochaine d’un tracteur électrique, qui sera utilisé pour de la distribution locale. Face aux objectifs du Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) de Toulouse – diminution de 20 % de la consommation énergétique et de 40 % des émissions de gaz à effet de serre, 32 % d’EnR – François Chollet rappelle que « le rôle des entreprises est indispensable dans la décarbonation. La collectivité seule ne pourra pas y arriver. »