Avec les start-up de la grande région au CES de Las Vegas
Euréka Park, Hall G. La foule circule le long des allées sans discontinuer. Les entrepreneurs enchainent en boucle les démonstrations de leur produit. Pour sa 49e édition, le Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas, la grande messe mondiale du high tech, est, une nouvelle fois, le théâtre de présentation d’inventions technologiques prometteuses. Pendant que les visiteurs s’amusent, sur leur smartphone, à compter les kilomètres qu’ils avalent en parcourant les stands, les exposants répètent inlassablement les atouts de leur innovation devant un public qui se renouvelle en cadence. 150 000 visiteurs, 3 600 exposants se bousculent au CES, dont 190 start-up françaises – un record. Parmi elles, 34 sont issues de la région Languedoc-Roussillon – Midi-Pyrénées.
Multiplier les contacts
« CES, nous voilà ! » Sur les réseaux sociaux, les entrepreneurs de la région LRMP s’emballent, abondant leurs comptes de photos et de commentaires. In real life (dans la réalité), ils ne se ménagent pas non plus et collectionnent les nouveaux contacts. C’est le cas du Montpelliérain CareLabs, qui présentait, à l’occasion du CES, son produit Care Wallet, dédié spécifiquement au marché international. « Les deux premiers jours, nous avons totalisé 96 prises de contacts, dont une quarantaine très sérieux, se réjouit son dirigeant Vincent Daffourd. Notre emplacement est exceptionnel, au cœur des entreprises de la E-santé, ce qui nous a permis de rencontrer des représentants de grands groupes et d’assureurs. » Pour marquer les esprits et attirer les visiteurs sur son stand, lui et son équipe ont revêtu une blouse de docteur et un stéthoscope. Avec chacune des personnes rencontrées, ils ont un rituel : ils réalisent un selfie. « C’est convivial mais surtout, c’est imparable pour se souvenir d’eux plus tard si nous concluons quelque chose. » À quelques dizaines de mètres de là, le stand de Thierry Cottenceau, fondateur de Virdys, ne désemplit pas. Les visiteurs se pressent pour enfiler le casque virtuel et visualiser un espace en 3D interactif en 360°C. Dans un brouhaha infernal, la pose de ces lunettes apporte un peu de calme et de divertissement aux visiteurs.
L’emplacement
Dans le même hall, mais excentrées par rapport aux start-up françaises, Ela Innovation, E-Prospect, Enko, Voxtok, Laoviland, Anatascope, Biomouv, Orée, Emersya et Plussh dépensent, eux aussi, beaucoup d’énergie pour attirer le chaland. Sur le stand d’Enko, l’équipe de Jacqueline Pommier (Sofian Bettayeb, Vanessa Huot-Marchand, Frédéric Hervé, Pierre Alzingre) est aux anges. Quelques minutes plus tôt, Geoffroy Roux de Bézieux , vice-président du Medef, a enfilé la chaussure de sport dotée d’amortisseurs Enko, prix du CES Innovation Award. En face, le design épuré des produits de l’entreprise Orée suscite la curiosité. Pour sa première participation au CES, Orée a déboursé environ 5 000 € grâce à l’aide de Sud de France Développement. « Un prix très abordable » pour le dirigeant, Julien Salanave. Seule ombre au tableau, le positionnement des stands Sud de France est un peu trop à l’écart des autres entreprises françaises.
Rencontrer des groupes français
Si certains se sont débrouillés pour changer de stand et se rapprocher de la délégation française Business France et de ses coqs FrenchTech, d’autres ont rivalisé d’idées pour se faire remarquer. Vêtue d’une longue cape rouge surmontée d’un long chapeau pointu de la même couleur, l’équipe de E-prospect attire l’œil : « Notre innovation technologique est en ligne. Nous n’avons pas donc d’objet à présenter. Pour nous, le seul moyen de nous différencier, c’est la tenue. C’est un clin d’œil. L’habit crée la sympathie », assure Alain Iozzino, CEO d’E-Prospects. Et ça marche. L’équipe s’est faite repérer par des investisseurs et des grands groupes français. « Sans le CES, nous ne les aurions jamais rencontrés et pourtant, leurs contacts peuvent être décisifs pour notre levée de fonds », ajoute-t-il. Car si la plupart des entrepreneurs présents au CES cherchent à développer leur internationalisation et leur visibilité, les Français ont surtout ici l’opportunité... de se faire connaître d’autres Français. « C’est ici que nous rencontrons les patrons des grands groupes français. C’est ici que sont la majorité de nos clients. Donc, c’est au CES qu’il faut être », souligne Aurélien Vaysset, fondateur d’Emersya. Les start-up de LRMP ont encore deux jours pour convaincre.
Témoignages
Emmanuel Mouton, Synox
« En tant que visiteur, on a le temps de voir davantage de choses. Concentrés sur notre business, nous nous sommes intéressés aux véhicules connectés présentés. La présence des plus gros constructeurs automobile ici démontre bien leur intérêt à faciliter la vie des conducteurs. Ils apportent de nouveaux usages. Ce n’est pas de la gadgétisation, tant que ces usages relèvent du service apporté. »
Jacqueline Pommier, Enko
« On est euphorique. Le CES Innovation award nous apporte du monde sur le stand. Nous attirons distributeurs, investisseurs, passionnés de course à pied. On ne voit pas les jours passer ! »
Alain Iozzino, E-Prospects
« C’est au CES que nous rencontrons les grands groupes français. Ils ont le temps, ils viennent nous voir, ils sont plus abordables ici que dans leurs bureaux »
Dimitri Moulins, Plussh
« Notre but ici est de trouver des clients et des investisseurs. Nos deux stands, sur la Poste et dans l’Euréka Park, se complètent bien. L’un attire plutôt les grands comptes, l’autre les patrons en recherche d’innovation. »