À bientôt 66 ans, Louis Privat a embrassé plusieurs carrières. Fils de médecin – son père a fondé la polyclinique Le Languedoc (propriété du groupe Elsan désormais) à Narbonne -, il commence une carrière de comédien avec le Grenier de Toulouse, qui lui offre le rôle principal de la pièce Fando et Lis (de Fernando Arrabal). Il a alors 17 ans et joue sous le pseudonyme de Louis Evoila. En parallèle, il se lance, avec une cousine, dans l’écriture d’un roman qui finit par hasard entre les mains d’un directeur de collection des éditions toulousaine Privat. « Nous n’avons aucun lien de parenté », sourit le fondateur des Grands Buffets, qui publie ainsi son premier livre à l’âge de 18 ans. « Je n’ai ensuite jamais renoué avec l’écriture ni le théâtre », précise-t-il, sans regret. Au début des années 70, il se lance dans un double cursus - commerce international et expertise comptable – avec l’idée de faire carrière dans l’import-export. La raison – et son père, soucieux de son avenir – l’amènent à intégrer un cabinet d’expert-comptable à Narbonne.
Changement d’univers
« Au bout de trois ans, je me suis demandé ce que je faisais là. Alors j’ai appelé le patron d’un restaurant de Leucate-Plage, une station où l’on aimait aller en famille. Comme il approchait de l’âge de la retraite, je lui ai demandé, avec ma casquette d’expert-comptable, s’il était vendeur. Sans lui dire au départ que l’acheteur potentiel, c’était moi ! Et c’est ainsi qu’à 30 ans et quelques, j’ai repris, avec ma femme Jane, La Côte Rêvée (en 1985, NDLR). Nous avons retravaillé le cadre avec l’aide d’un ami décorateur, mais aussi la carte avec une belle offre de poissons frais et de vins locaux », se souvient Louis Privat. Les prémices des Grands Buffets sont déjà là… La Côte Rêvée est vendue quatre ans plus tard : « Avec une activité aussi saisonnière, fidéliser des collaborateurs était très compliqué et profiter de notre vie de famille aussi… », admet-il. Dans la foulée, il répond à l’appel à projets de la Ville de Narbonne pour développer une offre de restauration au sein du nouveau complexe municipal de sports et loisirs. Les Grands Buffets sont nés.
Ambassadeur
« Ce restaurant est une locomotive pour la ville et Louis un ambassadeur, estime Gilles Belzons, dit Bébelle, ancien rugbyman du Racing Club Narbonne Méditerranée et restaurateur emblématique des halles de Narbonne. Il fait partie de mes modèles : sa curiosité, son envie d’innover et sa gentillesse sont intactes depuis ses débuts. Et son succès profite aux autres restaurateurs, puisqu’aux halles, je sers chaque jour des clients des Grands Buffets. » Il n’est pas rare non plus de croiser Louis Privat attablé chez des confrères : « J’aime autant aller chez Michel Guérard (chef 3 étoiles des Prés d’Eugénie, dans les Landes, NDLR) que Chez Biquet (à Leucate-Plage, NDLR) mais mon restaurant préféré, c’est Le Potager, à Sigean, pour les bons moments qu’on y passe. » Grand amateur d’art et collectionneur, Louis Privat réfléchit aussi à créer un cabinet d’art particulier, consacré en grande partie au peintre néerlandais Piet Moget, décédé en 2015.