Régionales : Philippe Saurel veut « mettre l’entrepreneur au coeur de la construction des politiques économiques »
Le maire et président (DVG) de la Métropole de Montpellier, qui présente des listes « citoyennes » aux prochaines élections régionales des 6 et 13 décembre, dévoile son programme économique à La Lettre M.
À combien voulez-vous porter le niveau d’investissement annuel de la nouvelle région ?
Actuellement, le niveau d’investissement est d’environ 188 € par habitant en Languedoc-Roussillon et de 161 € en Midi-Pyrénées. Il n’est pas envisageable de diminuer le niveau d’investissement de la future grande Région, c’est pour cette raison qu’il faudra le porter à minima au niveau du LR voire plus, si des marges de manœuvre sont dégagées, notamment par une baisse des coûts de fonctionnement. Mais c’est sans compter les fonds européens dont la future grande Région sera le gestionnaire. Avec plus de 3 milliards d’euros, les investissements devront répondre aux grandes priorités, à savoir le développement économique, l’emploi-formation, l’aménagement, la mobilité, la prévention des risques, l’agro-écologie environnement. Ces investissements doivent être un levier pour la structuration de la Région et son développement.
Quel budget allez-vous consacrer au développement économique, avec quelles priorités ?
La compétition économique est aujourd’hui européenne, internationale et la Région doit s’inscrire dans cette dynamique pour porter plus haut les entrepreneurs, les talents les chercheurs de la future grande région. Le développement économique, compétence clé de la Région, sera une priorité du mandat.
La première priorité est de faire en sorte que 2016 ne soit pas une année blanche pour les aides aux entreprises. Il ne faut pas que les acteurs économiques soient pénalisés par cette réforme, bien au contraire ! La future Région compte de nombreux atouts, on axera le budget du développement économique vers sept priorités : le tourisme, dont LRMP est la 4e région en terme d’emploi, la santé, avec ses trois CHU et ses centaines d’entreprises, l’industrie, dont notamment l’aéronautique et le spatial, le numérique et ses deux métropoles French Tech qui ont permis de structurer ces filières, le littoral avec ses stations touristiques, sa première flottille de pêche et le potentiel de l’économie bleue, l’agro-alimentation. Enfin, la recherche, dont LRMP est la première région de France avec près de 30 000 chercheurs, car l’innovation est un facteur différenciant pour le développement de nos entreprises.
Des actions seront menées pour mobiliser les systèmes économiques, pour développer une vision commune entreprises–pouvoirs publics, afin de construire une feuille de route partagée. Celle-ci devra permettre l’internationalisation de nos entreprises, développer l’économie de proximité, favoriser la croissance des PME, intensifier la valorisation de la recherche et le transfert de technologie et d’innovation et attirer de nouveaux investisseurs nationaux et internationaux.
Quelle sera votre mesure phare en faveur des entreprises ?
La grande région comptera plus de 370 000 PME, représentant 99,8 % des entreprises. L’entrepreneur, c’est le citoyen libre qui décide de s’engager totalement, pour innover, développer de l’activité, proposer du changement. L’entrepreneur est porteur de passion, de créativité d’ambition et de solidarité. C’est pour cette raison que je souhaite mettre l’entrepreneur au cœur de la construction des politiques économiques, apporter le soutien et l’engagement opérationnel de la collectivité aux initiatives des entrepreneurs et favoriser l’ancrage local des entreprises. Car l’entrepreneur développe de l’emploi non délocalisable et bien qu’intervenant dans une économie mondialisée, il est attaché à son territoire et participe à sa dynamisation au quotidien.
Afin de développer l’esprit d’entreprendre, à l’instar de la démarche French Tech, il faut accompagner et développer la culture entrepreneuriale par une diffusion de l’esprit d’entreprendre, partout dans la société civile, et notamment dans le système éducatif avec des actions de sensibilisation tout au long de la scolarité. Il faut amplifier des rapprochements Entreprises Ecoles Universités et mettre en place des formations spécialisées sur l’entreprenariat tout au long des parcours.
Afin de rapprocher le monde de la formation et de la sphère économique, il faut anticiper les besoins des entreprises de la grande région en adaptant l’appareil de formation pour être en adéquation avec les besoins des entreprises. Ceci ne peut se faire qu’en réunissant les entreprises et les organismes/établissements de formation afin de développer une vision commune et une feuille de route partagée.
De la proximité, de l’accessibilité, un bon accompagnement et un suivi des projets sont importants pour les chefs d’entreprises. Une commission de travail avec les différents syndicats de branche sera mise en place pour évaluer, échanger et faire évoluer aux mieux les dispositifs d’aides aux évolutions du secteur.
Faut-il harmoniser les dispositifs de soutien à l’économie des deux régions actuelles, et à quelle échéance ?
À terme, il faudra bien sûr harmoniser les dispositifs de soutien à l’économie. On ne pourra pas additionner les dispositifs des deux régions. En LR, il y aurait 730 aides aux entreprises ! Il faut éviter le saupoudrage et l’illisibilité des aides ! Il faudra évaluer les dispositifs et ne garder que ceux qui marchent et, le cas échéant, en proposer de nouveaux afin de conserver uniquement ceux dont l’effet levier sur le développement des entreprises est important. Toutefois, cette révision ne doit pas faire de 2016 une année blanche avec un risque que l’administration de la Région soit paralysée avec un blocage de la commande et des travaux programmée ou en cours et des dispositifs d’aides dans leur ensemble. Il faudra étudier les mesures d’équité entre les différents territoires (zone de montagne, zone rurale ou zone portuaire par exemple).
La future Région doit-elle financer et gérer en direct des parcs régionaux d’activités économiques ?
La question foncière et immobilière est déterminante dans le développement des entreprises. Nous avons un potentiel exceptionnel pour développer notre économie et attirer de nouvelles entreprises. Les PRAE répondent à deux enjeux : le développement économique et l’aménagement du territoire. Si ces deux domaines sont des compétences régionales, elles sont partagées avec les intercommunalités. Le système mis en place par la Région LR est assez intéressant. La Région finance les PRAE au travers d’un syndicat mixte dont elle fait partie avec la commune ou l’intercommunalité concernée. L’intercommunalité est au contact des entreprises, de leurs besoins, c’est elle qui connaît le mieux les besoins de son territoire. La région attribue donc des financements sous diverses formes permettant la création de la PRAE mais également son bon fonctionnement. Ce système répond donc à la question du financement. Oui, la Région doit financer et partager le processus décisionnaire avec l’intercommunalité concernée.
Par contre, il est absolument nécessaire de s’interroger sur la pertinence des futurs PRAE, quels besoins, pour quelles entreprises. C’est pour cela que dans le cadre du SRDEII (Schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation, NDLR), je propose de réaliser un plan d’aménagement des entreprises à l’échelle de la Région. L’objectif sera de mettre en cohérence l’ensemble des politiques d’aménagement et de développement économique concourant au développement de l’offre foncière et immobilière, de sorte à permettre leur adéquation avec les besoins réels des entreprises tout en maximisant l’intervention des pouvoirs publics sur les opérations les plus pertinentes.
Faut-il harmoniser les CPER des deux régions, et à quelle échéance ?
Oui, il faut harmoniser le prochain CPER, c’est-à-dire en 2020, tout en tenant compte des spécificités des territoires. Actuellement, nous avons deux CPER distincts qui ont été construits avec les partenaires territoriaux et les conseils régionaux. Il est prévu une clause de revoyure, qui permet de voir l’avancée des projets. La future grande Région devra mener une analyse des projets afin de déterminer s’il y a des rapprochements à réaliser, des mutualisations à conduire et de porter une vision commune du territoire.
Pour cela, il faut que le prochain CPER, levier d’investissements, favorise la création d'infrastructures et le soutien à des filières d'avenir de manière équitable sur l’ensemble de la future grande région, en favorisant les liens entre les deux territoires métropolitains et les territoires ruraux. Cela nécessite que l’Etat maintienne son engagement !
La structuration d’un territoire de ne se fait pas seul, et il faut aller plus loin que ne le propose la réforme en invitant l’ensemble des collectivités locales qui souhaitent prendre part au CPER. La future grande Région pourra s’appuyer sur le Parlement des territoires pour Montpellier Méditerranée Métropole et l’Association du dialogue métropolitain pour Toulouse Métropole, pour construire un CPER partagé avec l’ensemble des acteurs du territoire.
Faut-il garder la marque Sud de France et l’étendre à la grande région ?
Une étude fine devra avoir lieu sur les retombées économiques de la marque sur les produits viticoles et agro-alimentaires et sur les retombées d'images sur les sites (aéroports, ports, etc...) et sur la destination. Celle ci devra se faire en lien avec le nom de la future région et avec la stratégie de promotion touristique portée par les deux régions (Grands sites en Midi Pyrénées et Destination Sud de France en LR). Il faudra étudier aussi les complémentarités avec la marque Sud Ouest France portée par l’actuelle Région Midi Pyrénées et la Région Aquitaine et So Toulouse porté par la Ville de Toulouse et son office.