Nuit des Entrepreneurs (Medef 34) : comment le sport et l’économie interagissent
En présence de 400 dirigeants d’entreprises du territoire, la 5ème Nuit des Entrepreneurs du Medef Montpellier-Sète-Centre Hérault (président : Samuel Hervé) s’est déroulée le 23/2 au palais des sports René Bougnol, à Montpellier. Lors de la conférence « Entreprises et sports, une même ambition : réussir », animée par Marie Francalanci (présidente de la commission développement-événements du Medef Montpellier), plusieurs valeurs communes ont été établies entre monde économique et sportif : éthique, dépassement, respect, gestion de l’échec, nécessité de créer du changement pour chasser la routine.
Delphine Le Sausse, pharmacienne, 9 fois championne du monde de ski nautique handisport, a témoigné sur la façon dont sa vie a basculé, alors qu’elle n’avait que 28 ans : « Bien sûr, le sport aide à sortir de sa zone de confort. Un athlète cherche les difficultés et à les dépasser. En ce sens, la difficulté est une bonne chose. Mais parfois, les difficultés sont plus grandes que ce qu’on peut imaginer... Suite à un accident de ski alpin, je suis devenue tétraplégique. J’ai passé quelques mois dans un centre de rééducation, où j’étais comme un lion en cage (sic). J’avais perdu l’autonomie de gestes du quotidien. J’étais à 2 km/h alors que ma vie était à 100 km/h. Les seuls moments de bonheur, c’était les 2 heures de rééducation journalière. Puis je me suis tenue debout un jour. Aujourd’hui, je suis épanouie, maman depuis un an, avec une activité professionnelle. »
Patrice Canayer, manager général du Montpellier Handball, a posé la question de l’éthique dans la course à la réussite. « Dans le sport, en politique, dans l’entreprise, jusqu’où peut-on aller pour gagner ? Quelles règles légales, morales, éthiques met-on à sa propre ambition, tout en se respectant ? Je n’aime pas trop le mot de morale. Mais l’éthique est fondamentale. Le respect de l’éthique n’est pas assez partagé, et devrait l’être davantage. Etre responsable, c’est faire respecter une forme d’éthique. La loi ne peut pas tout régler. »
Didier Dreulle, PDG d’Asics, a fait part, côté entreprise, d’un échec en termes de ressources/relations humaines. « Une personne que je connaissais depuis 30 ans a cherchée à rentrer chez Asics. C’était un vrai ami. Il a passé 4 ans dans l’entreprise. Ça ne s’est pas passé comme je le souhaitais. Je lui ai dit que je comptais me séparer de lui. On est tombé d’accord sur un accord transactionnel. Au bout d’un mois, il m’a mis aux prud’hommes, sans même me dire bonjour au tribunal. C’était un échec personnel. Je me suis trompé sur sa personnalité, et sur ses capacités professionnelles. » Le décideur insiste sur « l’état d’esprit », les « valeurs mises en place depuis 27 ans ».
« L’immobilisme empêche la performance. » Pour Delphine Le Sausse, « pour être performant en entreprise, il faut avoir un moyen de décompresser à côté. Il faut de la discipline, de la détermination, de l’exigence, le goût de l’effort. Ce qui implique des routines, et aussi de savoir en sortir ». Ce à quoi souscrit Patrice Canayer : « Il faut faire accepter le changement, même quand tout va bien. J’entends souvent ‘on ne change pas une équipe qui gagne’. C’est une phrase stupide. Si on attend de perdre pour changer, c’est déjà trop tard. L’immobilisme empêche la performance. Parfois, le changement est provoqué par des choses qu’on ne maîtrise pas. Quand on manage, il faut accepter qu’on ne peut pas toujours tout maîtriser. Manager une équipe, c’est créer du changement. Un manager doit déranger. S’il n’y a pas de changement, le manager doit le créer. »
Donner du sens à l’action et s’entourer de compétences. Patrice Canayer souligne l’importance, pour un manager, de « donner du sens à l’action de tout le monde », et de ne pas craindre les compétences chez ses proches collaborateurs. « Si on veut réussir, il faut de la compétence. Mais la compétence peut faire peur : on a toujours peur que les gens soient plus compétents que nous, surtout quand on est un jeune manager ».