Le chômage des jeunes, un ravage en Occitanie (chambre régionale des comptes)
Si 86 % des salariés sont en CDI, 86 % des embauches se font en CDD, rappelle, le 11/10 Stéphane Lucien-Brun, vice-président de la chambre régionale des comptes LRMP. « Le stock est en CDI, les flux en CDD », résume-t-il. Il pointe, chez les jeunes, un caractère « discriminant du taux de chômage selon le diplôme » : 21,9 % chez les titulaires d'un CAP, 10,8 % chez les diplômés de l'enseignement supérieur et 30 % pour les non-diplômés. En matière de chômage des jeunes, la région Occitanie est la 2ème de France la plus touchée, avec 30 % de taux de chômage, « derrière les Hauts-de-France, et 5 % au-dessus de la moyenne nationale. Dans les 15 départements de France les plus touchés, 8 se trouvent dans la région, le plus touché de France étant les Pyrénées-Orientales : 37,8 % de taux de chômage ». En Occitanie, 132.000 jeunes sont suivis en mission locale, et 21.000 contrats d’apprentissage sont attribués chaque année.
Olivier Pagès, président de section, a inspecté la Mission Locale de Toulouse (environ 5.000 jeunes en file active chaque année). Il a observé une baisse « inquiétante » des entrées en formation des jeunes (- 8 % en 2013 et - 11 % en 2014) au programme régional de formation professionnelle. « Cette difficulté d’accès aux formations régionales interpelle. Le taux d’accès n’est que de 54 %, ce qui veut dire que prescription ne vaut pas formation : seulement la moitié des prescriptions de la Mission Locale de Toulouse se traduit en formation. » L'argument selon lequel l'accès à des formations demanderait des formations n'est selon lui pas recevable. « Le taux d’accès au parcours orientation-insertion n’est que de 40 %, alors que ces parcours ne demandent pas de prérequis. Il s'agit de remise à niveau des savoirs de base et de la définition d’un projet professionnel. »
Parmi les explications, « le nombre limité de places dans les dipositifs, l'absence de priorité des publics jeunes et la sélectivité des organismes de formation ». Le magistrat préconise une « plus grande coordination entre l'organisme de formation et le prescripteur. Actuellement, il n’y a qu’une réunion par an entre Pôle emploi, la Région, l'organisme de formation et les Missions Locales de Toulouse et de Haute-Garonne ».
L'école régionale de la 2ème chance est un dispositif « certes réservé aux jeunes, mais avec un coût de formation élevé et un nombre de places limité ». Concernant les emplois d'avenir mis en place par l'État, le magistrat fustige « un objectif de chiffre, de prescription, et non pas un pilotage par l’impact. Il n'y pas de statistiques locales disponibles sur le devenir des contrats aidés après la fin du contrat. Sont-ils dans le secteur marchand ? Sont-ils toujours contrat six mois après la sortie du dispositif aidé ? » Autre critique : la concurrence néfaste entre contrats aidés et contrats en alternance. « Chez les jeunes suivis par la Mission Locale de Toulouse, les contrats aidés ont représenté le double des contrats en alternance en 2014, mais ces contrats en alternance ont décru de 42 % entre 2010 et 2014. »