La filière foie gras fragilisée par la crise aviaire
La découverte, début décembre, de plusieurs foyers de grippe aviaire H5N8 « hautement pathogène » (mais non transmissible à l'homme) dans les élevages de canards du Tarn, des Hautes-Pyrénées et du Gers fragilise la filière régionale à quelques jours des fêtes de fin d'année. Un épidémie qui intervient six mois après un premier épisode d'épizootie survenu au T1 2016. « L'inquiétude est palpable chez les producteurs du département qui craignent la propagation de ce nouveau virus. Il faut une solution pour pour que les éleveurs puissent évacuer leurs animaux sains et les abattre en vue de leur commercialisation », avance la chambre d'agriculture du Tarn. « S'il est encore trop tôt pour mesurer l'impact de cette nouvelle crise et chiffrer les pertes exactes sur l'ensemble de la filière, cela va fragiliser encore un peu plus notre secteur », résume Philippe Everlet, responsable de la filière aviculture à la chambre d'agriculture du Gers. « Plus que les grands groupes qui vont pouvoir écouler leur stocks, les premiers touchés seront les petits producteurs. Certains envisagent de cesser leur activité compte tenu des pertes potentielles et des investissements qu'il va falloir engager en vue de sécuriser la production », estime le représentant d'un syndicat de producteurs d'Occitanie.
Premier effet mesurable de cette crise, la hausse des prix du foie gras. « Le prix de vente au kilo augmente déjà dans une fourchette comprise entre 10 et 20 % selon qu'il s'agisse de produits transformés ou de produits frais. Une conséquence de la baisse de production liée aux mesures d'abattage décidées début 2016 », poursuit Philippe Everlet qui estime cette perte des volumes mis en marché en 2016 à près de 30 %. « Ce recul de l'offre alors que la demande est forte va peser sur les prix », abonde le Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras). Autre impact potentiel, celui lié aux exportations de foie gras. Représentant 5.000 t en moyenne/an, soit un quart de la production nationale, elles ne pourront reprendre que fin février 2017, engendrant un nouveau manque à gagner pour l'ensemble des producteurs. « L'impact sera limité dans la région. L'export ne représente que 10 à 12 % des volumes commercialisés par nos producteurs », tempère Vincent Labarthe, vice-président du conseil régional en charge de l'agriculture. L'Occitanie est la 2e région française pour la production de palmipède gras avec 25 M de canard gras représentant un CA de 1,5 Md€/an. 1.900 agriculteurs évoluent au sein de cette filière qui génère 25.000 emplois directs et indirects selon la Région.