Idex : les raisons d'un échec
Incompréhension et déception : ce sont les sentiments du président de l’Université de Montpellier, Philippe Augé, à l'annonce du nouvel échec de la candidature de Montpellier pour l'Idex. « Même si la fusion de l’UM1 et de l’UM2 a constitué un élément décisif en faveur du projet, il n’en reste pas moins qu’une université (Montpellier 3, NDLR) est restée en dehors de la dynamique de l’Idex en refusant la fusion avec l’UM, privant ainsi le projet du secteur des Humanités », pointe du doigt le président de l'UM. Selon Phillipe Augé, l’échec est d’autant plus incompréhensible que « les membres du consortium ont revu le périmètre scientifique du projet afin d’intégrer 5 secteurs scientifiques majeurs représentatifs de cinq grands enjeux de société (santé & bien-être, matériaux innovants pour un monde durable, objets connectés pour connecter le monde, gouvernance des politiques publiques et gestion de l’innovation, gestion des ressources pour une transition écologique et la sécurité alimentaire). » À présent, le président de l’UM appelle à déposer un nouveau projet au format I-Site, "Initiatives Science – Innovation –Territoires – Economie". Les projets I-Site « seront caractérisés par la capacité des porteurs à développer, dans leur palette thématique, des coopérations fortes et particulièrement efficaces avec le monde économique », explique l’Agence nationale de la recherche.
Les disciplines d'excellence de Montpellier
Pour Anne Fraïsse, présidente de l’université Montpellier 3, l’analyse est tout autre. « Lorsque l’université de Montpellier a pris la gouvernance de la candidature à l’Idex à la place de la Comue (Communauté des universités et des écoles, NDLR) en sortant 3 universités (Montpellier 3, Perpignan et Nîmes, NDLR), elle a par la même occasion sorti le peu de sciences humaines que le projet contenait en centrant tout sur la biologie, la santé et la robotique avec, à la marge, un peu d’agronomie. C’est la politique du repli sur soi. Ça ne peut pas marcher, c’est le contraire de ce que demande l’Idex ». Pour Anne Fraïsse, il aurait fallu mettre en avant une discipline moteur qui fait la particularité de Montpellier, c’est à dire tout ce qui tourne autour de l’environnement, l’agronomie, la chimie verte. « Ce ne sont pas des disciplines au cœur de l’UM mais réparties un peu partout. Dès lors, seule la Comue pouvait porter le projet ». Selon elle, « On ne prend pas les thématiques qui pourraient nous faire gagner, où le site de Montpellier a clairement plus de force. »
« Rien à perdre, rien a gagner »
Par ailleurs, à propos de l’Idex, la présidente de l’UM 3 estime que « ce sont deux visions politiques différentes. Pour notre part, nous ne sommes pas forcément favorables à cette manière de financer l’enseignement supérieur. Une très grosse université et une Comue ont du mal à travailler ensemble. L’UM n’a pas l’impression d’y avoir une place digne d’elle après tous les efforts qu’ils ont fait pour fusionner ». Anne Fraïsse rappelle que l’université ne veut pas être « absorbée comme l’a été Montpellier 2 dans sa fusion avec Montpellier 1 ».