Gérard Onesta (EELV) : "Les aides de la Région seront éco-conditionnées"
Le candidat écologiste, qui mène une coalition réunissant notamment EELV et le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, veut conditionner les aides économiques de la future Région à des clauses sociales et environnementales, et prône une égalité des territoires. Il égratigne, au passage, la candidate socialiste Carole Delga, avec qui il devrait pourtant faire alliance au second tour. Dernier volet de notre série d'interviews des principaux candidats aux élections régionales des 6 et 13 décembre sur leur programme économique.
À combien voulez-vous porter le niveau d’investissement annuel de la nouvelle région ?
Il faut d’abord établir un état des lieux de cette réforme imposée. Il n’y a aucun contact entre les élus de MP et LR. Je suis donc infoutu de vous dire quelle est la réalité des dispositifs du LR ! Le détail est soigneusement gardé par les soutiens de la candidate PS. Aucun état des lieux n’a été établi au niveau des élus. À ma connaissance, le ratio est de 60 % pour le fonctionnement, et 40 % pour l’investissement. Il faudrait tendre vers le 50/50. Mais pour y parvenir, il faudrait remettre de la démocratie fiscale dans le conseil régional, en lui redonnant une capacité à lever l’impôt. Je précise que nous n’avons pas une approche strictement comptable entre fonctionnement et investissement. L’emploi associatif, c’est de l’investissement.
Quel budget allez-vous consacrer au développement économique, avec quelles priorités ?
Faire de la formation, investir dans la culture, aider des jeunes agriculteurs à s’installer, c’est faire du développement économique. 100 % de notre budget sera donc consacré au développement économique ! Notre priorité c’est l’emploi, non délocalisable et climato-compatible. Les subventions aux fonds de pension qui suppriment des emplois, c’est terminé. Les aides devront répondre à des clauses sociales et environnementales précises. Nous voulons favoriser les emplois de proximité, socialement utiles, et non précaires. Nous serons également attentifs à l’égalité des territoires. Certes, la grande région compte deux métropoles, qui représentent 25 % de la population. Nous sommes fiers d’avoir deux métropoles, c’est une chance. Mais il faut offrir à tous les bassins de vie de vrais services publics, pour favoriser l’implantation des entreprises. Il faut créer un biotope économique favorable dans tous les territoires.
Quelle sera votre mesure phare en faveur des entreprises ?
Nous voulons créer un label d’« entreprise en transition ». Nos aides seront éco-conditionnées, en faveur de l’économie circulaire et des circuits courts. Nous voulons aider les entreprises obsolètes à aller vers les technologies du futur.
Faut-il harmoniser les dispositifs de soutien à l’économie des deux régions actuelles, et à quelle échéance ?
Oui, et le plus tôt possible. Ça fait 18 mois qu’on sait que les deux Régions ont vocation à travailler ensemble, mais chaque région a toujours ses propres dispositifs. Nous allons vivre le 1er janvier un grand moment de poésie politique ! On va nous demander de réaliser en quelques mois ce qu’on n’a pas fait en deux ans. Une entreprise qui fonctionnerait de cette façon aurait déposé le bilan depuis longtemps... Il faudrait harmoniser ces dispositifs pour 2017 au plus tard. Je me suis battu en Midi-Pyrénées pour mettre en place le système des avances remboursables, et j’aimerais qu’ils soit généralisé. Le LR a mis en place le fonds Jeremie, et j’ai demandé que la Région MP s’appuie sur ce dispositif.
La future région doit-elle financer et gérer en direct des parcs régionaux d’activités économiques ?
Il faut établir un vrai bilan des PRAE mis en place en LR, et harmoniser le dispositif entre les deux régions. Aujourd’hui, il n’y a pas une communauté de communes qui ne rêve de créer sa zone d’activités économiques. Mais il ne suffit pas d’avoir une bretelle d’accès à une autoroute pour faire venir les entreprises. Je ne suis pas choqué que la Région soit directement impliquée dans la création de parcs d’activités, si c’est une façon de favoriser une filière. Mais ça ne fonctionnera que dans une logique de coopération.
Faut-il harmoniser les CPER des deux régions, et à quelle échéance ?
C’est une faute politique d’avoir mis en place deux contrats de plan séparés, alors qu’on savait que les deux Régions allaient fusionner. Il faudra profiter de la clause de revoyure pour harmoniser les deux contrats de plan dès 2017.
Faut-il garder la marque Sud de France et l’étendre à la grande région ?
Les deux présidents ont lancé leur propre marque, Sud de France d’un côté, Sud Ouest de l’autre. Sud de France, le terme permet de se définir par rapport à Paris, mais nous avons une autre ambition que d’être les banlieusards de Paris ! Qui a envie de vivre dans une région qui ne sait pas où elle habite ? Il faut baptiser cette grande région Occitanie ou Catalogne, ça a un sens pour les gens, c’est un nom fort marqué du sceau de l’authenticité. Au lieu d’une marque qui dit tout et son contraire, labellise tout et ne porte pas grand chose.