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Midi-Pyrénées / Languedoc-Roussillon
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Institutions
| 23/07/2015

Dominique Reynié : « Si je mobilise une partie des abstentionnistes, je gagne »

La Lettre M a rencontré Dominique Reynié, tête de liste Les Républicains-UDI pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, jeudi dans son local de campagne montpelliérain. L’ancien politologue, 55 ans, originaire de l’Aveyron et habitué de l’émission ''C dans l’air'', est encarté Les Républicains depuis le congrès fondateur du parti dirigé par Nicolas Sarkozy. Il présentera ses listes fin septembre.

Quel est votre programme pour les prochaines semaines ?
Je profite du mois d’août pour rencontrer les organisations professionnelles, et intégrer leurs enjeux dans le futur programme. Ce midi, j’ai déjeuné avec le directeur régional de la SNCF LR. Je vais ce soir à Nîmes rencontrer une vingtaine de professionnels de la santé. J’y ai rencontré hier des cheminots, où ont été abordés les problèmes des trains intercités. Puis je vais demain à Toulouse, et à Tarbes… Je prends des notes, c’est des séances de travail. Le but est d’en tirer quelque chose, et pas de dire qu’on est contents de se voir.

Comment percevez-vous le rôle du futur conseil régional ?
L’erreur serait de le voir comme les conseils régionaux actuels, mais en plus grand. Il devra mettre la croissance, l’emploi et l’innovation en avant, au service de l’équilibre entre les territoires. Je vois se dessiner des métropoles invivables, qui concentreront tout, et des territoires désertifiés. Le futur conseil régional doit être une vraie puissance publique, investir un rôle fort de coproduction des politiques publiques avec les collectivités locales. L’assemblée régionale sera mixte : une sorte d’Assemblée nationale locale, car elle représentera le peuple régional ; mais aussi une sorte de Sénat, représentative des élus locaux. Il y aura d’ailleurs beaucoup de maires sur mes listes.

Les électeurs n’ont pas encore, pour certains, saisi qu’ils allaient voter pour la grande région. Le contexte est très particulier.
En effet. C’est une première : il n’y a pas de sortant. La nouvelle région se caractérise par une grande complexité, pas forcément par sa superficie, mais parce qu’elle est composée de 13 départements. Les citoyens doivent déjà savoir qu’il y a une fusion, puis le comprendre, et enfin l’accepter. Autre incertitude : la nature du climat dans lequel le scrutin va se dérouler. On n’est pas dans une époque routinière. Il peut se passer des choses entre septembre et décembre. Nous traversons une période de très grande fragilité. Les jeux sont très ouverts.

Le scrutin se déroulera juste avant Noël. C’est inédit. Un commentaire ?
On n’a jamais voté en décembre depuis 1965 ! Les 6 et 13 décembre sont les deux dimanches précédant Noël. On n’est jamais allés voter des jours où les magasins étaient ouverts, avec, qui plus est, un rite social à accomplir. De plus, le sommet mondial sur le climat se déroulera à Paris entre les deux tours. Il y a un choc entre les deux événements. La probabilité pour qu’il y ait un grand désordre dans la tête des électeurs est élevée. Je suis persuadé qu’on (l’Elysée, NDLR) a fait exprès. Pourquoi les régionales ont-elles été dissociées des départementales de mars 2014 ?

Quel est le grand enjeu pour gagner ?
Gagner les voies des abstentionnistes. Lors des élections départementales, deux des quatre millions d’électeurs appelés aux urnes dans la grande région se sont abstenus ! C’est la première force politique. Si j’arrive à avoir des abstentionnistes, je gagne. Mais tout ce qui les démobilise me dessert. Car plus il y a d’abstention, plus le poids relatif du Front national augmente.

La région est ancrée à gauche, avec deux exécutifs régionaux et 11 départements sur 13 aux mains du PS ou du PRG. Sur le papier, vous n’avez aucune chance…
Je ne suis pas d’accord avec cette analyse. La grande région n’est pas si ancrée à gauche que vous le dites. Le PS dirige la Région MP depuis 1998, et LR depuis 2004. Ce n’est pas si long. Le plus grand parti, je le répète, c’est l’abstention. Il y a une énorme opportunité, je le pense profondément. Si nous étions sur une phase routinière, avec une satisfaction envers les sortants… mais c’est tout le contraire. Tout est imprévisible électoralement. Regardez la crise grecque, les attentats de janvier…. Ces événements changent les choses, sans que l’on sache vraiment au profit de qui. Tellement de choses sont en train de se produire qu’il est imprudent de parier sur la stabilité des mécanismes.

Vous avez 35 500 followers sur Twitter. Vous ferez campagne aussi sur les réseaux sociaux ?
Je suis sur Twitter depuis 2009. Cela prend beaucoup de temps, mais c’est indispensable.
Les individus sont devenus des médias, chacun avec sa zone d’influence. Et le pouvoir des réseaux sociaux est immense, permettant de partager des photos, des textes, des images.

Comment vivez-vous, personnellement, ce changement de vie, et pourquoi vous lancez-vous en politique ?
C’est passionnant. Les rencontres avec les entrepreneurs, les militants, les personnes sur le marché, dans les stades… sont chaleureuses. Je me suis lancé car je suis très inquiet. On va, je pense, vers une crise grave, à la fois budgétaire, interethnique et populiste. Le contexte est extrêmement tendu. Le moment où l’une de ces trois bombes explosera, je veux faire ce que je peux faire. J’aime beaucoup l’analyse, mais me retrouver dans l’action répond à une attente qui était forte chez moi par rapport à cette inquiétude.

Etes-vous armé pour la brutalité de la vie politique ?
Il y a de la brutalité, et de la tension, partout. Dans votre métier, il y a aussi de la brutalité !

Vos troupes ne seraient pas derrière vous, et votre candidature aurait été téléguidée…
Une extrême minorité, qui parle fort, parle ou agit ainsi. Les mêmes qui disent aujourd’hui que ma candidature était téléguidée disaient au début que je n’avais aucune chance, que ma campagne était morte-née. Je suis le résultat d’une procédure qui n’a eu lieu qu’ici, j’ai été choisi au terme d’une compétition. Dans ses textes, l’UMP a spécifié que la campagne était ouverte à la société civile. L’UDI et l’UMP d’ici ont décidé eux- mêmes, localement, d’inventer une procédure pour se trouver un candidat. C’est intéressant, à l’heure où l’on dit les partis enkystés. La procédure est unique, décentralisée, pas dans les statuts, et cette procédure produit un résultat atypique. Ces élus ont voté pour moi. Que cette procédure ait été mise en place uniquement dans ma région relève du hasard total. Sans ce montage, imaginé par Jean-Luc Moudenc (maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, NDLR), je ne serais pas en train de vous parler aujourd’hui.

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