Mix énergétique, sobriété, innovation... : les leviers de la décarbonation
« Décarbonation, les clés pour s’adapter et se transformer » : c’est le thème du Petit Déj’ de La Lettre M organisé le 5 novembre au Gazette Café, à Montpellier, en partenariat avec GRDF. L’occasion d’évoquer les stratégies engagées par des dirigeants d’entreprise pour relever ce défi et les actions mises en place par la Région Occitanie en vue d’accompagner cette transformation. Morceaux choisis.
Consommer moins et mieux en misant sur les énergies propres... Tout l’enjeu du débat organisé par La Lettre M – en partenariat avec GRDF – le 5 novembre au Gazette Café, à Montpellier. Une problématique essentielle aux yeux du président du groupe héraultais Open Modal spécialisé dans le transport combiné rail – route, Jean-Claude Brunier. Un des pionniers du secteur du transport et de la logistique à avoir misé sur la décarbonation de ses activités. « Avec la frugalité énergétique, ce sont deux grands défis que nous avons commencé à relever il y a déjà plusieurs années. Nos camions sont passés du diesel au gaz compressé, puis au biométhane, souligne le dirigeant qui s’appuie désormais sur le ferroviaire pour répondre aux attentes de ses clients. Nous transportons tous les jours l’équivalent de 500 semi-remorques. Cela nous permet d’éviter l’équivalent de 600 tonnes d’émissions de CO2. Ce moyen de transport réduit en effet de moitié ces rejets. Aujourd’hui, nous voulons aller plus loin en décarbonant nos terminaux dédiés au fret ferroviaire qui constitue selon moi le mode de transport terrestre du 3ème millénaire. » Pour Olivier Stenuit, responsable stratégie et développement hydrogène de la société alsacienne BDR Thermea spécialisée dans la fabrication d’appareils de chauffage domestiques et industriels (marques De Dietrich, Chappée...), l’enjeu de la décarbonation est tout aussi stratégique.
Hydrogène et gaz vert
« Dès 1990, notre entreprise qui était leader sur le marché des chaudières au fuel a misé sur l’hydrogène en vue de produire de l’électricité. L’objectif était de ne plus générer de CO2, sans pour autant dépendre de l’électricité, explique le responsable avant de détailler la stratégie déployée par l’industriel. L'hydrogène propre peut en effet être produit sans émissions de carbone à partir de multiples sources telles que le gaz ou l’électricité, idéalement à partir d’électricité d’origine renouvelable ou nucléaire. L’hydrogène obtenu est donc entièrement décarboné. » Autre dirigeant à évoquer les défis de la décarbonation pour son secteur, Lise Comallonga, directrice technique du groupe héraultais Promeo Immobilier. « La consommation énergétique est au cœur de nos réflexions. Avec une interrogation majeure depuis une quinzaine d'années : comment traduire cet impératif de réduction dans nos pratiques de promoteur et sur quels leviers agir » explique-t-elle. Plutôt que de miser sur le 100 % électrique, « impossible à mettre en œuvre », l’entreprise s’est associée avec GRDF pour développer des solutions spécifiques à ses besoins.
Accompagner et innover
« Notre ambition est de proposer à nos clients la bonne énergie au bon endroit en analysant chaque projet pour prendre la meilleure décision en termes de consommation énergétique, poursuit-elle. Nous voulions également rendre l’approvisionnement en gaz plus vertueux. Nous y sommes parvenus, notamment grâce à la méthanisation. Les déchets produisent la chaleur servant à alimenter certains de nos programmes immobiliers. Au-delà, nous avons sensibilisé nos commerciaux à la sobriété énergétique afin qu’ils puissent conseiller nos clients en leur proposant des outils d’optimisation, des comparateurs et en les accompagnant dans la maîtrise de leur consommation après la livraison de leur appartement. » Vice-président de la Région Occitanie en charge de l'économie, l'emploi, l'innovation et la réindustrialisation, Jalil Benabdillah souligne la nécessité de soutenir ces initiatives et ces innovations en évoquant les actions déjà engagées par la collectivité en vue d’accélérer la décarbonation de l’économie régionale. « Nous déclinons cette nécessaire transformation dans l’ensemble des filières, en premier lieu dans l’industrie. Dans l’aéronautique cela se traduit par le programme “avion vert“ qui bénéficie d’une enveloppe de 150 M€ qui permet à des entreprises telles qu’Aura Aero ou Ascendance Flight technologies de développer leurs modèles d’avions décarbonés, détaille l’élu. Autre exemple avec le Technocampus, premier centre de recherche européen dédié à l’hydrogène doté de 45 M€ qui sera opérationnel en 2025. Au-delà, nous misons sur le soutien au développement du mix énergétique que ce soit dans le domaine des mobilités, de l’habitat ou du numérique. Le rôle de la Région est de réunir et de structurer l’ensemble des acteurs pour aider au développement des projets de décarbonation. »
GRDF : La révolution de la décarbonation
La décarbonation est au cœur de la stratégie de GRDF, un axe majeur de la réussite de la transition écologique des territoires. Le gestionnaire du réseau de distribution de gaz accompagne ses clients – particuliers, professionnels et industriels - dans la diminution de leur empreinte carbone au travers de trois leviers : sobriété, efficacité énergétique et développement des gaz verts. « Nous sommes le premier distributeur au monde qui s’engage sur un objectif chiffré de décarbonation en ligne avec l’accord de Paris. En effet, nous savons que le gaz a un rôle essentiel à jouer dans le mix énergétique français, à condition de le décarboner et de développer ses usages dans le bâtiment et dans la mobilité. Les solutions existent, elles permettent une transition énergétique accélérée à des coûts soutenables », explique Nicolas Le Crenn, directeur délégué Occitanie. Un développement des gaz verts qui va de leur production jusqu’à leur acheminement. « Nous adaptons notre réseau pour raccorder les futures unités de production. Notre priorité est de favoriser leur injection pour atteindre 20 % de gaz vert en France et en Occitanie d’ici à 2030, soit l’équivalent annuel de la production de 11 réacteurs nucléaires », poursuit le représentant régional du gestionnaire du réseau de distribution de gaz.