« Il faut accélérer, martèle Jean-Christophe Chauvignat, directeur ingénierie et innovation de l’Aéroport Toulouse-Blagnac. Ce n’est plus un challenge, mais un véritable combat pour les entreprises, les collectivités… Il faut aller chercher de la résilience et faire preuve de beaucoup d’innovation, sur tous les sujets. » A l’heure de l’énergie chère et alors que les enjeux environnementaux s’invitent au quotidien dans les débats, la question de la réduction des consommations énergétiques n’a jamais été autant d’actualité. Y compris pour un distributeur de gaz naturel comme GRDF. « Cela peut sembler paradoxal, mais pour nous, c’est en réalité une question de survie, assure Laurent Ducommun, directeur territorial Toulouse Métropole chez GRDF. Car nous savons que si nous ne changeons pas de modèle, nous disparaissons. Nous devons accompagner cette transformation le plus rapidement possible. » Une mutation qui passera notamment par un développement du gaz renouvelable : « Aujourd’hui, il représente l’équivalent d’un réacteur nucléaire. A la fin de l’année, ça sera deux. Notre objectif est de viser les 20 % de gaz renouvelable consommés en France en 2030 et 100 % en 2050. » 

Occitanie : vers une région à énergie positive
Mais au-delà, c’est bel et bien la question de la sobriété énergétique qui alimente les discussions. Là encore, GRDF joue la carte de l’innovation en misant en particulier sur les compteurs communicants Gazpar. « En assurant un suivi régulier des consommations, ces derniers permettent de nourrir la prise de décision », soutient Laurent Ducommun. Pour Agnès Langevine, vice-présidente de la Région Occitanie en charge du Climat, du Pacte Vert et de l’habitat durable, l’objectif est de faire de l’Occitanie une région à énergie positive. Avec en filigrane la volonté d’asseoir la souveraineté énergétique du territoire tout en l’inscrivant dans une logique de décarbonation. « La trajectoire est bonne, assure l’élue. Nous multiplions les actions en vue d'atteindre nos objectifs. Mais des difficultés demeurent, comme en matière de rénovation de logements. Cela a un coût et il faut accompagner les propriétaires. » Dans ce but, la Région – qui propose par ailleurs un accompagnement financier - a déployé 31 guichets de proximité en lien avec les collectivités locales. 

« Un bel amortisseur »
Que ce soit pour les entreprises, les acteurs publics ou même les simples particuliers, les leviers à activer sont multiples. Frédéric Pasian, maire de la commune haut-garonnaise de Lherm (4 000 habitants) et vice-président de la communauté de communes Cœur de Garonne, est engagé dans une démarche volontariste de réduction des consommations d’énergie. « Nous avons commencé par l’éclairage public dès 2015, explique l’élu. Nous avons coupé la lumière en nuit profonde et avons déployé des Led sur environ 700 points lumineux. 80 % de nos investissements ont été subventionnés. » La commune a par ailleurs investi dans l’isolation et l’aménagement de son école, ainsi que dans un système de chauffage biomasse qui, outre l’établissement scolaire, alimente une cantine et une salle polyvalente, avant de s’étendre, demain, au collège et à l’Ehpad voisins. « Les chiffres nous donnent raison, se félicite l’élu. L’an dernier, alors que les autres communes s’affolaient, nous n’avons enregistré qu’une hausse de 5 à 6 % de notre facture énergétique. Car nous avions déployé un bel amortisseur. »

« Aller chercher la performance »
Autre témoignage : celui de Jean-Christophe Chauvignat, à l’Aéroport Toulouse-Blagnac, qui mise lui aussi sur une sobriété énergétique à tous les étages. « Au-delà de la mise en place d’une centrale biomasse et du déploiement d’un vaste plan Led, nous faisons en sorte que les bâtiments que nous construisons ou rénovons soient les moins énergivores possibles », explique-t-il. Films solaires sur les surfaces vitrées, systèmes de « free-cooling » (ventilation intensive)… : les solutions sont plurielles. « L’idée n’est pas d’obtenir un « effet waouh » à chaque fois, mais d’aller chercher la performance énergétique », assure Jean-Christophe Chauvignat, qui évoque « 3 GWh économisés chaque année ». Et le directeur ingénierie et innovation de la plateforme aéroportuaire toulousaine de citer l’un des facteurs clés du succès : « L’acceptabilité » des mesures prises. Un avis partagé par Agnès Langevine. « Associer l’usager est très important si l’on veut atteindre les objectifs fixés, insiste l’élue. Il faut donner du sens aux actions menées ; chacun doit pouvoir en mesurer les bénéfices ».