Le président de la CCI Occitanie et premier vice-président de CCI France s'exprime, pour la première fois, sur l'après-crise. Pour Alain Di Crescenzo, la reprise ne pourra pas être « normale » et ce pour deux raisons. « La première est qu’il n’y aura pas de rebond au sens où on l’entend habituellement. Pourquoi ? Parce que l’activité va reprendre par paliers, avec une partie seulement des entreprises et des salariés, avec un virus à l’origine du chaos actuel qui ne sera pas derrière nous… Aux plans pratique et psychologique, on comprend aisément que les conditions d’une reprise franche ne peuvent être réunies. La deuxième raison tient au fait que ce concept de rebond renvoie à l’idée que la vitesse perdue est retrouvée assez rapidement pour renouer avec le rythme antérieur. Mais nous ne vivons pas un coup de frein mais un coup d’arrêt, un changement de système avec un après à inventer. » Il estime que « la crise actuelle va nous amener à repenser certains choix allant dans le sens de plus de proximité et de sécurité. Le nearshoring, par opposition à l’offshoring, va voir relocalisée la production des produits et services les plus sensibles au plus près des centres de consommation. Nous allons devoir arbitrer collectivement ce sur quoi nous n’acceptons plus d’être dépendants, ce sur quoi nous acceptons une répartition de la production entre offshore et France/Europe, ce que nous considérons comme sans enjeux… » Des arbitrages qui devront, selon lui, être précédés par un passage « en mode remue-méninges », pour « mettre sur la table toutes les idées, même celles qui auraient été jugées loufoques il y a un mois. Sans tabou, ni a priori, nous allons en effet devoir imaginer un système qui pourra fonctionner en mode dégradé dans un premier temps, pour passer le plus dur, avant de devenir un modèle de croissance à part entière ».
[Covid-19] Alain Di Crescenzo, CCI Occitanie
21/04/2020