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| 6/06/2019

Bilan 2018 de l'Insee : l'Occitanie en résistance

Selon les termes de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), « en Occitanie, l’économie résiste en 2018 ». L'emploi salarié, s'il continue de progresser avec + 0,9 % et 18 300 créations nettes, accuse tout de même une baisse par rapport à 2017 et ses 29 800 créations. « L’année 2017 était particulièrement dynamique », rappelle le rapporteur de l’Insee lors de la présentation du bilan de l’année, le 6 juin, en simultané à Montpellier et Toulouse. Le chômage est en légère baisse, de 0,2 point (-1,2 point en 2017). Malgré tout, l’Occitanie conserve sa deuxième place des régions les plus touchées par le chômage, derrière les Hauts-de-France, avec un taux à 10,3 % (8,8 % au niveau national). L’Insee relève en particulier une augmentation de la demande d’emploi des plus de 50 ans (+ 3,8 %) et du nombre de demandeurs d’emploi de longue durée (+ 6 %).

Paradoxe occitan
D'un point de vue géographique, les départements côté Languedoc font partie des plus touchés par le chômage : fin 2018, le taux était de 12,8 % dans l’Hérault, 12,2 % dans le Gard, 14,5 % dans les Pyrénées-Orientales, 12,1 % dans l’Aude. L’Ariège arrive en 9e position avec 11,1 %. Les deux métropoles concentrent 90 % des créations d’emploi avec + 12 400 emplois pour la Haute-Garonne et + 4 800 pour l’Hérault. « C’est toujours la même question qui se pose : pourquoi, dans cette région si dynamique d’un point de vue économique, le chômage ne baisse-t-il pas ? », lance Caroline Jamet, directrice générale de l’Insee Occitanie. C’est ce que l’Insee appelle le « paradoxe occitan ». Car, malgré ces chiffres du chômage, la croissance est perceptible, assure l'institut. Les créations d’entreprises (en particulier les micro-entreprises) sont en hausse de 14 % et les défaillances en baisse de 5 %, pour la cinquième année consécutive. En ce qui concerne le financement de l’économie, celui-ci reste aussi « très dynamique » : + 9,2 % pour les crédits aux entreprises (+ 5,9 % au niveau français), mais repli des crédits à l’habitat de 12 %, après + 20,1 % en 2017.

L'aéronautique en tête
Parmi les secteurs qui portent la dynamique régionale, il faut bien évidemment compter sur l’aéronautique et le spatial, qui ont créé plus de 3 000 emplois en 2017 dans le seul département de la Haute-Garonne. Le secteur, qui représente aujourd’hui 107 300 emplois à l’échelle de l’Occitanie, poursuit sa croissance. « En 2018, Airbus a enregistré un nouveau record, avec 800 livraisons d’avions (880 sont prévues cette année, NDLR), explique Lionel Doisneau, chef de la division économie à l’Insee Occitanie. L’année a également été bonne dans le spatial. Les constructeurs toulousains (Airbus Defence and Space et Thales Alenia Space, NDLR) ont rencontré de beaux succès commerciaux. Tout cela a eu des conséquences positives sur la chaîne d’approvisionnement régionale, malgré des tensions portant à la fois sur les capacités de production et sur la main-d’œuvre. »

La construction plombée
Le secteur de la construction, lui, accuse clairement le coup, avec une baisse du nombre de logements mis en chantier (46 300 l’an dernier) de 9,4 %. Un trou d’air à nuancer cependant, car l’année 2017 avait été particulièrement dynamique en la matière. « Mais cette baisse est tout de même très significative en Occitanie, dans la mesure où la moyenne française n’est que de 4 % », analyse Lionel Doisneau. De son côté, Jocelyne Blaser, responsable du département « bâtiment-construction » à la Dreal Occitanie, déplore une « période de décroissance assez cruelle », tout en notant, sur le front de l’emploi, « un paradoxe entre le besoin en main-d’œuvre et les difficultés de recrutement ». Avec une autre crainte exprimée par les professionnels : que le secteur subisse en 2020 le traditionnel attentisme inhérent aux périodes électorales.

Le tourisme en légère baisse
En ce qui concerne le secteur du tourisme, la fréquentation est en légère baisse avec 54,4 M de nuitées en 2018, soit une baisse de 0,3 % par rapport à 2017. « Au niveau français, une hausse est par contre constatée, en particulier en Île-de-France et dans le Nord. La chaleur, présente sur tout le territoire national, n’a pas obligé les touristes à descendre trop vers le Sud pour la trouver », résume l’Insee. Les campings du littoral ont tout de même été plébiscités (+ 2,3 % de fréquentation). À noter également, une hausse de la fréquentation des hôtels, grâce, notamment, à la Ville de Lourdes qui a accueilli 9,2 % de touristes supplémentaires en 2018, 160e anniversaire de l’apparition de Marie oblige.

Inégalités dans l'agriculture
Enfin, l’année 2018 aura été difficile pour les producteurs de blé dur : rendement en baisse, qualité inégale, baisse des prix en raison d’une concurrence vive. La viticulture retrouve des couleurs après une année 2017 historiquement basse. Mauvaise année 2018 par contre pour les fruits d’été du fait de la météo défavorable et reprise de la production animale, en particulier des canards.

Nelly Barbé et Alexandre Léoty
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