« Attention à ce que le territoire ne dépende pas exagérément de l’aéronautique et de l’espace »

Louis Gallois, vous êtes un pur produit d’Occitanie, puisque vous êtes né à Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, et que vous avez longtemps présidé l’un des fleurons de l’économie régionale : le groupe Airbus, que l’on appelait EADS, à l’époque. Quel regard portez-vous sur le tissu économique du territoire et cette dynamique liée notamment au rapprochement des forces de l’ex-Midi-Pyrénées et de l’ex-Languedoc-Roussillon ?
Je n’ai pas la prétention d’être un spécialiste de l’Occitanie, loin de là, même si je connais assez bien le bassin toulousain. Ce que je peux dire, c’est que, sur le plan des créations d’emplois industriels, il s’agit de l’une des régions les plus dynamiques de France, même si son taux de chômage reste assez élevé. L’industrie est concentrée dans les deux grandes métropoles que sont Toulouse et Montpellier. Toulouse, en particulier, présente une très forte dynamique industrielle, bien sûr liée à l’aéronautique. Mais c’est aussi le cas d’autres territoires, comme Figeac (dans le Lot, NDLR), et plus largement la Mecanic Vallée, mais aussi du bassin d’Alès (dans le Gard, NDLR), qui, après avoir connu de grandes difficultés, affiche aujourd’hui une dynamique intéressante fondée sur une forte synergie entre les élus, les chefs d’entreprise et l’École des Mines.

Un mot sur Airbus. Le groupe européen, dont le siège est basé à Toulouse, est présidé depuis quelques mois par Guillaume Faury. Vous connaissez bien les rouages de ce marché, mais aussi de ce groupe. Quels sont, selon vous, les grands défis que le nouveau capitaine d’Airbus devra affronter ?
À vrai dire, je me suis fixé comme principe de ne pas parler des entreprises par lesquelles je suis passé. Airbus est évidemment un groupe magnifique, qui bénéficie d’un carnet de commandes assez remarquable, ce qui est une chance pour la région. Ceci étant dit, les arbres ne montant pas jusqu’au ciel, il faut toujours être vigilants quant au risque d’inversion des courbes, même si on ne le voit pas pointer à l’horizon.

Quel serait le risque pour l’écosystème régional ?
Il faut faire attention à ce que le territoire ne dépende pas exagérément de l’aéronautique et de l’espace. Car ce qui est actuellement une force pourrait devenir une faiblesse en cas de crise du secteur. Il faut regarder cette dépendance avec vigilance.

Autre question, qui s’adresse à l’ancien président de la SNCF que vous êtes : la création des lignes à grande vitesse (LGV) Toulouse- Bordeaux et Montpellier-Perpignan est-elle indispensable pour désenclaver le territoire ?
qui C’est la première fois que je m’exprime sur ce sujet... Je pense qu’il y a actuellement un “TGV bashing” qui s’est installé, avec l’idée que le développement du TGV a cassé le réseau classique. À mon sens, le TGV a beaucoup apporté à la France. Je ne trouve pas illégitime qu’une région comme l’Occitanie veuille en bénéficier pleinement. Le TGV est, comme le chemin de fer classique, un outil très structurant pour un territoire. Ne les opposons pas !

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