Pourquoi le nouveau Totem de la French Tech Montpellier séduit (enquête)
Il y a 40 ans, ce bâtiment quelconque, aux façades vitrées, accolé au centre commercial du Polygone, était conquis par Georges Frêche, qui allait devenir le maire emblématique de Montpellier pendant 27 ans. Aujourd’hui, l’édifice, déployant 3.160 m2 de surface de plancher, propriété de la Métropole et géré par la Serm (société d’équipement de la région montpelliéraine), héberge 13 start-up de la French Tech Montpellier : 458 Studio (images de synthèse, 5 salariés), Altshift (applications web et mobiles dans les techniques de gamification, 5 salariés), Bear (cf. ci-dessous), Beclood (intégration de CMS et de systèmes d’information ; analyse et valorisation de données métiers, 10 salariés), Expernova (analyse des réseaux mondiaux d’innovation, 15 salariés), Isotropix (cf. ci-dessous), Nelis (solutions de smart contacts & business développement, 9 salariés), Prollision (mises en relation professionnelles, 3 salariés), Scimob (jeux sur mobile, 8 salariés), Soluciel (logiciels de gestion full-web et en SaaS, 4 salariés), Synchrone Studio (solutions de communication visuelle dans l’architecture et l’immobilier, 2 salariés), Virdys (cf. ci-dessous) et Wemap (plateforme de cartes interactives et connectés, 17 salariés).
Alors que d’autres friches immobilières existent à Montpellier - dont l’ancien site militaire de l’EAI, acquis par la Ville en 2012 -, ce lieu a été choisi car situé en plein centre-ville. « La proximité de la gare, du tramway, des commerces et des services, la possibilité de venir à pied ou à vélo, sont autant de critères déterminants pour les start-up », précise Chantal Marion, vice-présidente de Montpellier Métropole déléguée au développement économique. Ce totem se veut ouvert et interface de l’innovation : en rez-de-chaussée, un open space d’environ 1.100 m2 déploie des espaces de coworking, y compris pour des étudiants en formation dans les sept réseaux thématiques de la French Tech Montpellier (capteurs intelligents, objets connectés, agroalimentaire, santé…), une salle de conférence pour des démonstrations de produits ou d’application, des réunions, des cocktails, des challenges…, un point information/promotion et des services mutualisés (téléphone, vestiaires, douches, tenue des plannings…). Les surfaces encore disponibles dans les 4 étages ont été gelées « pour permettre aux entreprises déjà installées de se développer dans les mois à venir, en fonction de leurs besoins », précise Chantal Marion. La collectivité injecte 1,6 M€ pour mettre le lieu à niveau : travaux de câblage de courants forts et faibles, aménagement de plateaux de bureaux, travaux de signalisation et de mise en valeur des façades, avec l’apposition du coq magenta, symbole de la French Tech, et de son slogan local - Sunny French Tech Attitude. Une convention de sous-occupation garantit un loyer compétitif, décomposé en une redevance de 90 € HT/m2/an, une participation aux charges communes de 30 € HT/m2/an et une participation forfaitaire au coût des taxes foncières de 30 € HT/m2/an.
Ce totem, inauguré le 19/4 mais en réalité occupé par les entreprises depuis début 2016, est temporaire. La mise à disposition des locaux pour les entreprises s’achèvera en 2022. Un bâtiment définitif (environ 10.000 m2, sous forme de halle) dédié à l’innovation numérique sera érigé, à l’horizon 2020, dans le nouveau quartier Cambacérès, au sud de la ville, à proximité de la future gare TGV de Montpellier. Le totem actuel pourrait devenir une couveuse d’entreprises. « L’emplacement est privilégié, analyse Chantal Marion. Ce sera une décision politique. »
Zooms sur…
Virdys
Activité : logiciels de virtualisation 3D. 12 salariés. Création : 2012.
Issue de la pépinière Cap Omega, Virdys s’est installée en novembre sur 150 m2, au lieu de 75 m2 dans ses locaux précédents. « Le niveau de sécurité est poussé, avec un badge distinct pour accéder à chaque étage, explique Thierry Cottenceau, président. On ne circule pas aussi aisément qu’à Cap Omega. Le nouvel espace en rez-de-chaussée, annoncé pour fin avril, va instaurer davantage de communication. » Depuis sa création, Virdys arpente les salons internationaux : CES Las Vegas, Laval Virtual, NAB Show… Son logiciel est utilisé par ses clients (CGI, Sopra Steria, Thales, France Télévisions, Canal +,…) pour la retranscription de catastrophes, accidents ou attentats, dont on n’a pas d’image ou de vidéo : attaque du Bataclan, crash de l’Airbus de la Germanwings en France… Virdys, qui réalise un chiffre d’affaires de 800.000 € cette année, prévoit de lever entre 700.000 € et 1 M€ d’ici à la fin de l’année pour renforcer ses équipes commerciales.
Isotropix
Activité : logiciels d'infographie destinés aux studios d’effets spéciaux et aux professionnels de l’image. 31 salariés. Création : 2011.
La start-up fait partie des pionnières dans le bâtiment, où elle est installée depuis deux ans. Isotropix a pu changer de plateau, pour passer de 200 m2 à 450 m2, loués 5.600 €/mois. Isotropix crée en mai une filiale à Los Angeles, pour mieux couvrir les plages horaires et se rapprocher de ses clients, des studios d’effets spéciaux mondiaux, tels que Double Negative, Lucasfilm ou Weta Digital. Isotropix réalise 99 % de son activité à l’international (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Japon, Chine).
Bear
Activité : solutions de réalité augmentée dédiée aux éditeurs. 14 salariés. Création : 2014.
« L’emplacement du Totem est idéal, accessible en TER pour ceux qui habitent un peu loin de Montpellier », souligne Pierre Addoum, président. Un bémol : l’absence de places de parking, « mais la plupart des salariés viennent par d’autres moyens ». Bear, qui a mis au point une plateforme en ligne permettant de relier supports print et contenus digitaux, finalise une levée de fonds d’un million d’euros et s’attaque au marché des collectivités locales - Villes de Blanc-Mesnil (93) et de Montélimar (26). Avec 24 applications déployées, Bear travaille avec La Poste, Nathan (Éditis) - en scannant des images, des bruits sont émis -, La Revue fiduciaire - solution pour avocats sur le code du travail, leur permettant de vérifier l’actualisation de tel ou tel article…