Laurent Davezies ausculte le département pour un think tank gardois
« Aujourd’hui, ce qui compte pour vous, c’est la production. L’économie résidentielle ou présentielle c’est terminé, fini ! » Chiffres et statistiques à l’appui, et précautions oratoires, Laurent Davezies, expert en économie et développement des territoires, a déroulé, le 16 décembre, le portrait économique du département, à la demande du think tank gardois « Entreprendre pour le Gard », lancé par l’UPE 30. « Le Gard est davantage touché que d’autres départements par la crise, et c’est une crise structurelle, vous aurez ces problèmes pendant 10 à 15 ans », a-t-il expliqué aux chefs d’entreprise réunis à la Fédération du bâtiment. Résultat : le Gard est touché par le chômage, « surtout la zone d’Alès, qui est la 3e zone d’emploi au niveau national ». Entre 2007 et 2014, le département a perdu proportionnellement davantage d’emplois dans le secteur privé (- 6 068 emplois) que la France dans son ensemble (- 1,2 %).
Les secteurs qui créent des emplois
« La forte croissance démographique (+ 6,2 % entre 2006 et 2012) aurait dû booster l’emploi présentiel, mais ce n’est pas le cas », démontre Laurent Davezies. L’emploi dans le secteur du commerce et des services aux ménages est resté atone entre 2007 et 2014, alors qu’il avait évolué de 9 % entre 2000 et 2007. Parmi les secteurs qui ont le plus créé d’emplois privés de 2007 à 2014 figurent l’action sociale, les études techniques, l’ingénierie, les essais et la R&D et la santé humaine. À l’inverse, la plupart des secteurs industriels perdent des emplois. Parmi les secteurs les plus touchés : le BTP (- 16,8 %), les associations patronales et les syndicats (- 36,9 %) et l’intérim (- 38,9 %).
Équipements touristiques insuffisants
Zoomant sur les principales zones d’emploi du département (Nîmes, Alès, Bagnols et Uzès), Laurent Davezies a calculé qu’elles avaient perdu globalement 8 400 salariés sur la période, mais « gagné 1 212 emplois métropolitains », principalement dans l’est du Gard. Ce secteur, autour de Marcoule et Laudun, est également le seul à ne pas souffrir d’« un problème de qualification ». Autre enseignement de l’expert : le Gard peut faire beaucoup mieux en matière d’équipements touristiques. Certes, « le Gard compte deux fois plus de campings que la moyenne nationale », mais la couverture hôtelière est « faible, en dessous de la moyenne de province : il y a peu d’hôtels et ils sont petits ».
Des propositions à la mi-2016
Le think tank « Entreprendre pour le Gard », créé le 5 octobre, rassemble notamment Philippe Broche (Invest in Gard), Francis Cabanat (CCI d’Alès), Eric Giraudier (UPE 30), Hugues Marron (dirigeant BTP), Philippe Patitucci (UIMM), Jean-Marc Rouméas (Rouméas TP) et Philippe Tamai (GGB 30). À partir du diagnostic de Laurent Davezies, des groupes de travail vont être créés pour travailler sur quatre thématiques : le numérique, la transition énergétique, le développement des entreprises et le tourisme. « L'enjeu, c'est d'amplifier nos points forts pour passer d'une économie traditionnelle à une économie innovante et créatrice de richesses », explique le président de la CCI d'Alès, Francis Cabanat. Ces travaux déboucheront sur des propositions en mai 2016, à destination des collectivités, des pouvoirs publics et des entreprises du département. « Ce sera pertinent d'aller voir les futures instances économiques de la nouvelle grande région avec ces propositions », estime Eric Giraudier, le président de l'UPE 30.