L'agroalimentaire : premier employeur, premier recruteur
Avec une prévision de 7 590 recrutements au cours de l’année 2019, l’industrie agroalimentaire régionale est le premier recruteur de la région et le premier employeur avec 45 800 salariés. À l’occasion de l’assemblée générale de l’Association régionale des entreprises alimentaires (Area, 300 adhérents), un amer et récurrent constat est dressé. « Une trentaine de places en apprentissage n’ont pas été pourvues faute de candidats », résume Guillaume Raverdy, directeur de l’Institut de formation de l’industrie agroalimentaire (Ifria) Occitanie, établissement proposant des formations allant du CAP au Bac + 5 (360 apprentis en 2019). Loin d’être un cas isolé, ce témoignage reflète les difficultés à recruter de l’ensemble du secteur. Cette année, 46,7 % des embauches envisagées étaient jugées difficiles à réaliser, un chiffre en progression de plus de 10 % par rapport à 2017.
Marque employeur
Pour endiguer ce phénomène, la filière agroalimentaire s’améliore en matière de communication. Déjà mobilisée en 2018 avec la mise en place de ses Ambassadeurs – 55 personnes chargées de prêcher la bonne parole en faveur de leur métier -, l’Area présente cette année la marque employeur de la filière : « Avec l’agroalimentaire, nourrissons notre avenir. » Dès le mois de décembre, et dans chaque département, des professeurs, des représentants de Pôle emploi et des Missions locales vont être invités à visiter des entreprises agroalimentaires afin qu’ils se rendent compte de la réalité des métiers. « Les prescripteurs ne savent pas eux-mêmes ce que représente l’agroalimentaire, confirme le directeur de l’Ifria. Ils l’assimilent soit à de l’agriculture, soit à de la distribution. » Témoignages par vidéo, présence appuyée sur les réseaux sociaux, tous les canaux de communication vont être actionnés.
Postes de production
« Les postes les plus difficiles à pourvoir sont ceux de la production », indique Didier Barral, fondateur de la Compagnie des desserts (Aude) et président jusqu’au 6 décembre de l’Area (Pierre Meliet lui succèdera). Convenant que les professionnels doivent aussi s'améliorer en faisant entrer la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans leurs établissements, le président de l'Area dénonce malgré tout le manque de coopération du corps enseignant de l’Éducation nationale : « Les professeurs en sont encore à dire que les métiers de l’agroalimentaire sont tout juste bons pour les ratés de l’école… Alors que, au contraire, un poste de chef de ligne de production exige une grande technicité et un fin sens du management… » Sandra Bourrel, responsable formation et RH du groupe coopératif agricole audois Arterris (2 200 salariés, CA de plus d’1 Md €, Castelnaudary) abonde : « Les a priori restent fort vis-à-vis de ces métiers, perçus comme difficiles et peu attractifs, avec des sites de production implantés dans des secteurs ruraux. Nous sommes confrontés à des difficultés de recrutement récurrentes avec 40 à 60 offres d’emplois non pourvues au sein de notre site, principalement dans la production animale et les métiers transverses comme la logistique. »